Spermatozoon race – flickr/Dimit®i
Les hommes sont-ils séduits par un mode de contraception qui leur soit propre ? Certains s’y intéressent : c’est un homme qui m’a envoyé le lien vers les tests de la méthode Risug en regrettant qu’elle ne soit pas déjà en usage ou au moins en cours de développement en Europe. Et qui m’a donné envie de m’intéresser aux nouvelles contraceptions masculines.
D’aucuns diront « on a déjà le préservatif ». Néanmoins, de nombreux hommes affirment encore que le latex leur donne des complexes ou que ça gâche tout. J’ai donc enquêté sur la question, discutant longuement avec plusieurs hommes, en entretien, par mail ou en chat, sur leur rapport à la contraception.
Etre père malgré soi, c’est un vrai risque !
Si 40% des femmes françaises connaîtront un avortement dans leur vie, il se trouve aussi qu’un certain nombre d’hommes devienent pères malgré eux.
Une partie de ces pères involontaires en sont finalement très contents. Leur discours tient entre le chevaleresque « j’assume si ça arrive » (ce que nombre d’entre eux font d’ailleurs) et l’égocentrique « de toutes façons, ce n’est pas mon corps, c’est aux femmes de s’en occuper ».
Une autre partie de ces pères sont traumatisés. Ils ne peuvent plus avoir de relation sexuelle pendant des années. Un témoin de cette enquête (qui a duré 5 mois), qui ne souhaite pas que son prénom soit mentionné, a même élaboré un mode relationnel sexuel non pénétratif assez développé. Il juge ainsi ses duos érotiques moins risqués. La contraception a cessé d’être un enjeu, il a fait de cet handicap un outil de recherche et il trouve, aujourd’hui, au contraire, que c’est une façon de développer une sexualité paritaire.
Les hommes ont peur de la pilule… comme les femmes !
Lorsqu’ils sont interrogés sur une nouvelle contraception masculine, les hommes trouvent l’idée rassurante, voire fantastique. En revanche, ils n’ont vraiment pas envie prendre une pilule masculine. Leurs arguments sont souvent liés aux risques que courent les femmes avec la pilule. Plusieurs conseillent à leurs amies de préférer le DIU (stérilet) ou une technique non hormonale. Ils ont peur d’avoir une libido en berne, de subir des effets secondaires, etc. En fait, les mêmes arguments que la plupart des femmes qui refusent de prendre la pilule : personne, ni les hommes ni les femmes, n’a très envie d’avoir un enfant non souhaité. Mais personne non plus ne souhaite prendre des médicaments toute sa vie.
On parle d’une méthode mécanique, les hommes pensent à une méthode hormonale
Les hommes à qui le préservatif convient ne recherchent pas d’autres solutions contraceptives. Ils sont heureux comme ça ; c’est facile, relativement peu coûteux, ça protège des IST en même temps. L’idée d’une petite opération ou d’un médicament n’a aucun sens pour eux.
Pour les hommes qui n’ont pas trouvé de plastique à leur taille, en revanche, l’idée plait.
Ce qui est également intéressant, c’est qu’alors que j’avais expliqué ce qu’est le Risug, le fait qu’il s’agisse d’une intervention mécanique, réversible et peu coûteuse, les hommes ont tous réagi sur la pilule (méthode hormonale).
Des hommes intéressés, surtout chez les plus jeunes
Comme tous les hommes de moins de 45 ans interrogés, Stéphane serait client de nouvelles solutions si leur innocuité était démontrée. Son témoignage est assez représentatif : je vous le livre ici publié en intégralité.
Au contraire, plusieurs hommes de plus de 50 ans ont trouvé mes questions saugrenues en affirmant que la contraception était une affaire de femmes et qu’il serait bien malvenu de la part des hommes de s’en soucier.
Ces différences générationnelles (à confirmer, car l’enquête n’est pas statistiquement représentative) laissent penser que la génération actuelle de trentenaires et de quadragénaires est un important public potentiel… Mesdames et Messieurs des laboratoires, à vos paillasses !
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Voir l’article « des nouvelles contraceptions masculines dans l’indifférence générale »