Le pendu
Charlie Foxtrot, c’est un petit coup de cœur que j’ai eu en regardant ces vidéos de la chaine « Ici charlie Foxtrot »
Je ne savais pas du tout si c’était une fille qui avait fait cela dans son salon, une militante, une comédienne… Bref je lui ai envoyé un mail pour en savoir plus et elle m’a répondu « Pour être honnête, je ne sais pas trop où je vais avec ces petites interventions podcastiennes… Pour l’instant il s’agit plus de quelque chose que je fais avec amusement, un tutoriel de montage vidéo sur les genoux, en parallèle à mes activités… Quoi qu’il en soit, je ne vois pas d’inconvénient à répondre à quelques questions – ça sera à toi de voir s’il y a quelque chose à tirer des réponses – et suis toujours ravie de croiser la route de quelqu’un qui s’intéresse à la question du genre, surtout en France. »
Je l’ai donc bombardée de questions
1) Pourquoi « surtout en France » ? Il y a donc si peu de gens qui s’intéressent au genre ?
J’ai dit « la question du genre en France » car il m’a fallu partir en Angleterre pour pouvoir étudier les « gender studies » (la première fac spécifiquement dédiée à la question ayant ouvert à Paris l’année dernière) et ce n’est que récemment que j’ai pu voir réellement la thématique apparaître dans les médias grand public français (dont le chouette article de novembre 2012 « le genre en question », dans Télérama, je ne sais pas si tu as pu tomber dessus). Bref, sinon je suis née en Allemagne, j’ai grandi en France, et j’ai pas mal bourlingué.
2) Qu’est-ce qui t’a donné envie de faire ces vidéos ?
J’ai fait ma première vidéo parce que j’étais en contact avec David Frécinaux de l’émission « + ou – geek » et qu’il voulait une démo. Je n’avais que des vidéos de théâtre/cabaret, qui ne correspondaient pas à ce qui était demandé, et j’ai donc bricolé un podcast de dernière minute, en une après-midi, pour présenter ma démo, étant donné que je n’avais pas de matos et que je trouve qu’il vaut toujours mieux assumer d’être à la dèche technique. Je l’ai envoyé à mes amis au passage, et c’est eux qui m’ont dit qu’ils auraient bien aimé en voir une deuxième. (Pour la fin de la petite histoire, la prod de « +ou- geek » a finalement préféré prendre une chroniqueuse « Cosplay » qu’une chroniqueuse « Sexo »… ) J’ai donc continué à faire des vidéos, en les laissant disponibles aux regards sur Youtube, mais sans faire d’autre diffusion que de créer un compte Google+ associé sur lequel je publie aussi des articles ou images qui m’interpellent ou me font marrer. Pour l’instant, je n’ai pas eu de « stratégie de diffusion », sans doute en partie parce qu’il m’a fallu assumer le truc (pas tant de parler de sexe que de le faire dans des conditions techniques déplorables)
Cliquer ici pour voir la vidéo.
3) Penses-tu continuer longtemps ?
Je pense continuer tant que j’en ai l’envie, et le temps, et quelque chose à dire. À vrai dire, c’est une chouette expérience pour moi de faire des trucs rapidement, en mode « amateur », sans me prendre la tête et d’avoir autant de retours positifs! Sans compter que cela me permet de véritables interactions riches sur les réseaux sociaux (l’autre jour, par exemple, un passionnant débat sur les capotes avec une vingtaine de participants – et hélas peu de participantes – et une grande liberté de parole, c’était chouette !) ça renvoie d’ailleurs à ce que j’ai toujours apprécié dans le dialogue au sujet du sexe : on en arrive très vite à un « parler vrai ». Sans compter que c’est un sujet qui met immédiatement en lumière le ridicule partitionnement français des sciences humaines : s’il y a bien un domaine où le clivage sociologique/psychologique ne fait pas sens, c’est celui de la sexualité. Car une porte d’entrée socio ou psy qui peut faire sens au niveau théorique peut vite se révèler incomplète, voire dangereuse, au niveau individuel ou thérapeutique…
4) Comment as-tu choisi tes différents sujets ?
J’ai choisi mes trois premiers sujets (les monstres, les robots et les roux) en fonction de mes envies du moment, et parce que ça permettait une accroche facile à un public de geeks. La 4ème vidéo, sur l’identité sexuelle, je l’ai faite en réaction à l’actualité. Sans doute un peu de moutarde qui m’est montée au nez. Pour l’instant, il n’y a pas de « formule » de « Ici Charlie Foxtrot » : parfois il y a des personnages, parfois non, parfois je me bichonne, parfois je le fais en pyjama, parfois c’est drôle, parfois non… Je ne cherche pas à faire rire à tout prix. Pour l’instant, je n’ai pas envie de m’enfermer dans un projet/format : je fais ça par plaisir, je fais ce dont j’ai envie et j’attends de voir où ça m’amène! C’est une surprise pour moi à chaque fois (surtout que je n’avais jamais monté de vidéo y’a 3 mois !)
5) Est-ce un hobby ou c’est en lien avec des activités ?
Happy Friedrich – Le Fol
À côté de ces vidéos, je suis comédienne et auteur. J’ai dirigé une troupe de cabaret jusqu’à il y a deux ans, sous un autre pseudonyme, et je me consacre depuis uniquement à l’écriture et à la performance. Sans doute que ce petit side-project me permet de rediriger une certaine frustration de la scène, notamment par la création des personnages. En tant qu’auteur, j’écris tout aussi bien articles de sciences humaines que pièces de théâtre. En actu, j’ai un spectacle qui se joue dans le sud de la France et un bouquin paru sur le sujet des identités virtuelles (je suis actuellement en pleine recherche sur le thème « le rapport au corps, à l’ère du virtuel », je vais peut-être écrire un truc sur ce sujet que je trouve passionnant, et c’est aussi pour ça que je suis rarement chez moi : pour écrire, je m’éloigne des écrans) . Je suis aussi traductrice et rédac web à l’occasion pour arrondir les fins de mois. J’ai un roman en cours.
« Charlie Foxtrot » est mon nom de cabaret. Sous cette identité extravertie, je me sens à l’aise pour faire les vidéos et les performances, notamment celles qui impliquent de la nudité : je travaille également avec un ami photographe dans le cadre d’un duo qui s’appelle « Happy Friedrich« . Nous n’avons pour l’instant que peu diffusé notre travail, mais comptons mettre en ligne un projet de tarot photographié au cours du mois de mars. (Et hop, tiens, je te joins quelques photos, pour que tu puisses te faire une idée…) Après l’élitisme du milieu théâtral, la facilité de diffusion que permet le web est extrêmement rafraîchissante.
Militante, je le suis depuis longtemps, et sans doute que ça transparaît dans un peu tout ce que je fais. Mais j’essaye, en particulier dans mes projets artistiques, de maintenir un militantisme plus joyeux qu’énervé (ce qui n’est pas toujours facile, au vu de mon tempérament sanguin !) qui donne envie de s’intéresser et pas de se retrancher derrière un bouclier…