Traduite en huit langues, Inger Wolf est l’auteur de sept romans mettant en scène le commissaire Daniel Trokic, dont Nid de guêpes et Mauvaises eaux déjà parus chez Mirobole.
Résumé
Septembre touche à sa fin dans la ville portuaire d’Århus au Danemark. Un soir, Anna, une jeune mère célibataire, ne rentre pas de son jogging quotidien dans les bois. Au matin, on retrouve son corps sur un lit de feuilles mortes au milieu d’une clairière, la gorge tranchée, un bouquet de ciguë séchée étalée sur la poitrine.
Le commissaire Trokic enquête. Un brillant chercheur en psychiatrie a disparu depuis huit semaines. Les affaires seraient-elles liées ?
Extrait
La clairière qui s’étendait devant le commissaire de la police criminelle Daniel Trokic baignait dans une humidité glaciale. A chaque expiration, son souffle se transformait en un petit nuage au contact de l’air. Un silence de cathédrale s’était abattu sur la forêt dès l’instant où il avait franchi au volant de sa Peugeot la barrière route qui, d’ordinaire, préservait ces lieux des bruits de moteurs de la civilisation. Le son étouffé des basses du groupe de métal Rammstein s’échappait par sa vitre à demi baissée et se mêlait à la brume. Pourtant, aucun des hommes présents sur place ne lui fit la moindre remarque à ce propos au moment où il les rejoignit sur la scène de crime après s’être faufilé sous la bandelette en plastique bicolore. Soit parce qu’ils n’avaient pas prêté attention à la musique, soit parce qu’ils l’avaient trouvée de circonstance. Il eut l’impression de débarquer dans un endroit vierge et sauvage où aucun être humain n’avait encore mis les pieds. Cette nuit-là, il avait fait un rêve étrangement prémonitoire. A propos d’une forêt envahie par des lapins gris cendré. Un rêve désagréable et récurrent auquel il avait été arraché par la sonnerie de son téléphone lorsque l’officier de garde l’avait appelé pour l’informer qu’on venait de découvrir un cadavre. Torben Bach, le médecin légiste, portait des gants en latex et des couvre-chaussures en plastique bleu ciel, de même que les deux techniciens de la police scientifique chargés de prendre des clichés et de procéder aux relevés.
« Qui est-ce ? leur demanda Trokic.
- On l’ignore pour l’instant, répondit l’un des techniciens. On n’a trouvé aucune pièce d’identité sur elle. »
Près de Trokic, une jeune femme reposait sur le dos, ses cheveux blonds étalés telle une auréole autour de son visage. Ses yeux - l’un marron, l’autre bleu - fixaient un point perdu dans les profondeurs du bois, éteints et exsangues, comme recouverts d’une pellicule laiteuse. Trokic eut envie d’étendre une couverture sur elle.
Cependant, ce qui lui sauta aux yeux en contemplant la défunte, ce fut la poignée de fleurs blanchâtres - rassemblées de façon trop désordonnée sur sa poitrine. Cette mise en scène lui parut pitoyable et grotesque à la fois. Etait-elle censée représenter une mariée ?
Mon avis
Des thrillers danois, il en existe des flopées. Mais Inger Wolf apporte une touche particulière. Ce détail dans cette phrase qui te fait sursauter alors que tu ne t’y attendais pas. Rare dans l’univers du thriller ! Après avoir lu ces pages, tu devrais avoir moins envie d’aller te balader sur une plage isolée, en septembre. Mais pour l’heure, n’hésite pas à plonger, c’est un pur régal !
Noir septembre, Inger Wolf, éditions Mirobole 352 pages 21 €
Traduit du danois par Frédéric Fourreau