C’était dimanche et nous paressions au lit, moi le nez plongé dans son bouquin et elle écoutant distraitement le bulletin de nouvelles télévisé.
— Tous ces scandales de pédophilie dans lesquels l’Église trempe me donnent froid dans le dos, surtout quand je pense que tu as fréquenté une école catholique. Rassure-moi un peu, ma chérie. Dis-moi que tu n’as jamais subi de mauvais traitements…
— J’étais une élève modèle, mais ça ne m’empêchait pas d’être continuellement punie. On m’a donnée la fessée plus souvent qu’à mon tour, mais ce que je détestais le plus, c’était de me faire envoyer au bureau de la Mère Supérieure, parce qu’elle m’obligeait toujours à lécher sa fente.
— Quoi ?
— Bah oui, elle me forçait à me mettre à genoux et à ramper sous sa robe noire. Laisse-moi te dire que c’était sombre et qu’on étouffait de chaleur là-dessous, il fallait se fier à son nez et se guider à l’odeur, si tu vois ce que je veux dire… ensuite, je devais lui brouter la moquette jusqu’à ce qu’elle jute comme une pêche trop molle. Ça prenait toujours au moins vingt minutes… qu’est-ce qu’elle était peine-à-jouir, cette vieille peau.
— Tu… tu me niaises, là ?
— Je n’étais pas la seule, on finissait toutes par y passer. Quand elles voulaient vraiment nous humilier, elles nous faisaient manger à la cafétéria. Là, je te jure, on dégustait – pas la bouffe de la cafétéria, non, mais la surprise au thon de la cantinière. Elle ne se lavait pas souvent, celle-là, et sa plotte était si fripée qu’elle ressemblait à une patate qui serait restée trop longtemps dans le garde-manger. Et je ne te parle pas de l’odeur… quand elle nous l’écrasait au visage, c’était comme si elle nous giflait avec la serpillère qui avait servi à éponger le carrelage des toilettes.
— Ha ha ha. Je suis morte de rire.
— En tout cas, je sais quel effet ça fait de faire minette à une momie.
— Ça m’apprendra à m’inquiéter de tes traumatismes d’enfance, la comique.
— Tu devrais les remercier, mes traumatismes d’enfance. Grâce à eux, je vais pouvoir te gougnotter sans faire de chichis quand tu seras une vieille dame indigne, même si ta noune devient sèche, poussiéreuse et encombrée de toiles d’araignées.
— Ouache !
— Permettez-moi, chère dame, avec tout le respect que je dois à une ainée, de faire vriller ma langue sur votre abricot fendu.
— Pas question, obsédée !
— Allez, profitons-en pendant qu’il est encore frais et juteux.
— Je ne peux pas croire que tu puisses faire des blagues sur un sujet aussi tragique. Si tu veux mon avis, ce genre de mentalité ne fait qu’entretenir la culture du viol…
— Yummmm.
— Oh ! Mon dieu ! Oui !