Pour ce débat sur les discriminations, les bénévoles de l’association Rimbaud ont d’abord expliqué leur volonté d’“ouvrir le dialogue” à propos des LGBT-phobies avec des adolescents âgés de 15 à 18 ans. Pour ce faire, l’association propose des interventions dans les collèges et lycées, à partir d’une base créée en 2009 en coopération avec SOS Homophobie. Grâce leur obtention d’un agrément de l’Éducation nationale, l’association a un accès plus facile aux établissements, même si les bénévoles n’interviennent pour le moment qu’au sein d’établissements publics par manque de sollicitations d’établissements privés. La question d’intervenir auprès d’enfants plus jeunes et d’adultes s’est posée, mais les bénévoles ont regretté ne pas avoir trouvé le bon format pour le moment. Une personne du public a souligné que les enfants auraient un “rôle de prescription”, qui sous-entendrait que s’ils comprenaient le message de l’association, les parents normaliseraient à leur tour ce discours. Le public a également soulevé des lacunes d’éducation sexuelle au sein des écoles, une remarque complétée par les bénévoles de l’Association Rimbaud, qui ont proposé des cours “d’éducation sentimentale”, pour recentrer les réflexions sur les sentiments plutôt que simplement les pratiques sexuelles.
Des discriminations au sein même de la communautéDans un second temps, le débat a porté sur les discriminations au sein de la communauté LGBT. En effet, l’audience a rappelé qu’ “on s’attend à ce qu’au sein de la communauté, ce serait plus ouvert, plus sympa mais nous appartenons à une société déjà sexiste, raciste etc. Ce n’est pas parce que l’on appartient à une communauté que nous n’avons pas des privilèges ou des comportements oppressifs et qu’il y a des relations de pouvoir entre communautés”. Plusieurs personnes du public ont alors donné des exemples, parlant de leur expérience personnelle ou non. Il a notamment été question de biphobie, les personnes bisexuelles étant peu visibles au sein de la communauté, considérées comme “libertines”, “instables”, voire “traîtres” à la cause LGBT. La bisexualité pourrait même être occultée, au profit de l’attribution d’ “homosexualité” ou d’ “hétérosexualité” suivant la personne avec laquelle les personnes bi sont en relation.
Des mécanismes d’exclusion à l’égard de personnes neuroatypiques ont également été soulignés, face à des comportements considérés comme “inattendus” – “alors même que chacun.e [au sein de la communauté] revendique une autodétermination”, comme le regrettait un membre du public.
À deux jours de la Marche des Fiertés, une personne a également voulu attirer l’attention sur le “validisme” et les personnes en situation de handicap. Des handicaps pas toujours visibles, mais pas moins importants pour autant. À Paris, un char sera justement apprêté, samedi 30 juin, pour les personnes à mobilité réduite, grâce à l’association Handi-queer. Mais à Lyon, rien n’a été prévu cette année, d’où la volonté de cette personne de sensibiliser le public à la question du handicap et leur demander de faire attention, lors de la Marche, à ne pas bousculer les autres autour de soi.
Enfin, les profils sur les application de rencontre ont été pointés du doigt, mentionnant souvent des préférences en termes “d’origine ethnique”, mais également de “forme du corps”, de “dimensions”. “Certain.e.s demandent même “si tu es clean”, témoigne une personne du public, une question discriminant les personnes séropositives. Face à cette situation, certain.e.s ont avancé l’argument que des préférences sont possibles, tant que l’on reste “ouvert.e” et que ces préférences ne deviennent pas des critères discriminants. D’autres préfèrent mettre l’accent sur “ce que l’on veut plutôt que ce que l’on ne veut pas” – ou même, se centrer sur les passions plutôt que les attraits physiques.
Trouver des solutions “en interne” contre ces discriminations ?Plusieurs personnes ont soulevé leur attente d’une “bienveillance” au sein de cette communauté, elle-même discriminée et victime de violences “externes” (de la part de personnes non-LGBT+). L’hypothèse avancée dans le débat a été qu’en luttant contre les discriminations internes à la communauté, il serait plus aisé de dessiner des outils à mettre en place “en externe”. En ce sens, le Centre LGBTI de Lyon a mis en place et affiché une Charte d’accueil détaillant ces comportements, de sorte à ce que les personnes ayant un comportement discriminant sans le savoir en prennent conscience sans que les personnes qui se sentent discriminées aient à s’expliquer. D’autres solutions ont été mentionnées, comme le fait de ne pas genrer lorsque l’on dit “bonjour”, ou de demander directement à la personne comment elle désire être appelée. Quant aux applications de rencontre, face à “ceux qui arborent leurs discriminations, arborez votre ouverture”.
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